Rapprocher la chaîne de valeur au plus près du client ne veut pas dire se couper du monde
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Quand on parle de rapprochement de la chaîne de valeur auprès du client, on l’entend souvent au sens de territorialisation de la chaîne, c’est-à-dire de relocalisation. Or, les stratégies des entreprises faisant de la proximité avec le client le principal vecteur ne se coupent pas d’une vision mondiale. « Appelons les choses par leur nom : plutôt que relocaliser, il faut localiser »
Si réduire la dépendance aux importations de produits intermédiaires (intrants) est salutaire pour diminuer le risque de rupture d’approvisionnement, il apparaît que pouvoir exporter des produits finis à travers le monde est tout aussi fondamental pour les entreprises et les économies.
Nombre de filières, même en se rapprochant du client, ont besoin de s’internationaliser. En outre, s’agissant de l’approvisionnement en matières premières, il n’y a souvent aucune possibilité de substitution par des ressources locales.
Si le raccourcissement d’une chaîne de valeur n’a pas forcément à voir avec une logique isolationniste, il peut, cependant, entretenir ou précéder des stratégies mercantilistes et une fragmentation politique et économique du monde ; c’est l’un des risques majeurs du discours sur les relocalisations et le découplage.
L’enjeu est alors de « fabriquer local, sans repli ni barricades », c’est-à-dire de faire en sorte que les appels à la production nationale de produits d’urgence ou stratégiques n’encouragent pas, pour autant, le protectionnisme.
D’une certaine façon, les chaînes de valeur mondiales avaient initialement créé des interdépendances qui furent autant de facteurs de stabilisation économique (effet de dissuasion).