La réorganisation des chaînes de valeur pourrait bien aussi bénéficier à la Chine
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Si le déplacement des chaînes de valeur hors de Chine peut contribuer à diminuer la dépendance de différents secteurs en Occident, force est de reconnaître que plusieurs facteurs pourraient bien aussi redistribuer les cartes à l’avantage de la Chine
Parmi ces facteurs :
- le plan industriel « Made in China 2025 » qui vise à faire de la Chine l’une des principales puissances industrielles et non plus l’atelier du monde dans lequel sa contribution portait essentiellement sur des maillons à faible valeur ajoutée ;
- les volontés respectives de Washington et de Pékin de découpler leurs économies qui invitent la Chine à réduire sa dépendance aux technologies et solutions occidentales et accélérer l’intégration verticale de son économie ;
- l’accent mis par les pays occidentaux sur les relocalisations et la territorialisation des chaînes de valeur qui pourrait permettre à la Chine de redessiner l’organisation mondiale du travail à son avantage, celle-ci se délestant encore plus rapidement des activités à faible efficience économique pour se concentrer sur l’innovation et les services adaptés aux clients.
Autrement dit, la Chine se repositionne, avec ces facteurs, sur les segments et technologies à forte valeur ajoutée dans lesquels l’industrie apporte services et solutions. Ayant compris où se créera la valeur, elle investit massivement dans l’innovation et privilégie les services amont et aval qui vont bénéficier d’économies d’échelle.
La puissance normative de la Chine pourrait en être accrue (nouveaux standards). Le fossé entre les pays européens et la Chine pourrait s’en trouver également agrandi.
Les perspectives de coopération sont croissantes à mesure que la Chine prend des positions de leader mondial sur des technologies ou solutions (voiture électrique, IoT, 5G) ; la Chine a pris de l’avance, avec la pandémie, sur d’autres économies en développant les cas d’usage des technologies (5G, IA, blockchain, etc.), ce qui constitue un facteur d’attractivité.
Les entreprises américaines et européennes ne s’y trompent pas ; elles évitent toute décision précipitée et continuent de s’intéresser au marché chinois compte tenu de ses potentialités. Illustration de l’intérêt pour ce marché, le montant des fusions et acquisitions (F&A) étrangères en Chine a été, en 2020, pour la première fois en dix ans, supérieur au montant des transactions chinoises dans le monde.