La dépendance aux chaînes de valeur mondiales doit être relativisée
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On a beaucoup parlé, pendant la crise sanitaire, de fragilité et de dépendance de l’Occident et de l’Europe aux chaînes de valeur mondiales et, en particulier, chinoises. Or, ce sont davantage les conditions de la demande (fermeture des magasins et des frontières) que celles de l’offre qui ont bousculé ces chaînes
Avec la pandémie, les chaînes de valeur ont finalement démontré une certaine résilience. Elles ont moins subi la perturbation de la logistique (fret aérien maintenu) et la fermeture des fournisseurs que la baisse de la demande et la fermeture des commerces durant le confinement.
Par ailleurs, il faut relativiser la dépendance. La moitié des biens importés par l’Union européenne (UE) sont sourcés dans plus de 25 pays ; seulement 250 produits sur les
9 900 produits importés sont achetés dans un seul pays, ce qui représente moins de 1 % de valeur des importations de l’Europe.
La dépendance se cristallise autour d’un certain nombre de secteurs et de pays. Ce qui amène décideurs politiques et économiques à prendre conscience de l’urgence de ne pas créer de dépendance à l’égard d’acteurs trop puissants : 25 personnalités de la tech ont ainsi appelé les entreprises françaises et européennes à investir plus de 50 % de leur budget logiciel, services, cloud, télécoms auprès d’acteurs français et européens.
Enfin, avant d’être mondiales, les chaînes de valeur sont régionales ; la plupart des importations d’intrants des entreprises européennes vient d’Europe : 66 % de l’UE (contre 9,3 % des États-Unis et 5,1 % de Chine) (moyenne sur la période 2015-2017). De même, 63 % des PME de plus de 50 salariés qui ont délocalisé à l’étranger ont choisi l’UE et 70 %, l’Europe. « L’UE est fondamentalement un espace de coopération au sein duquel le risque de rupture d’approvisionnement en période de crise est réduit ».
La production française est ainsi largement dépendante de l’Europe ; toutefois, cette dépendance à l’égard de l’Europe a baissé en part relative entre 1995 et 2014 tandis que celle à l’égard de l’offre chinoise a été multipliée par 10 (de 0,09% à 0,85 % de la production).
Les entreprises vont sûrement s’efforcer de rendre leurs chaînes résilientes car « le point d’équilibre entre la nécessité de l’efficacité et celle de la résilience a bougé ». Si la pandémie a révélé le risque sanitaire, c’est la prise en compte du risque climatique qui devient impérative. Les technologies digitales devraient ici jouer un rôle essentiel ; la blockchain et l’intelligence artificielle (IA) pourraient ainsi apporter un avantage décisif ; elles restent insuffisamment déployées à ce stade.