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3 MODES DE RAPPROCHEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR | LE DÉPLACEMENT GÉOGRAPHIQUE DES SITES DE PRODUCTION ET DE SOUS-TRAITANCE
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Etre continental ou le second schéma de réorganisation des chaînes

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Les entreprises ont, par ailleurs, commencé à réorganiser leurs chaînes de valeur selon un schéma régional. Elles anticipent un monde qui se décompose en blocs régionaux et une globalisation qui se régionalise en raison de la rivalité sino-américaine et des velléités respectives de découplage.

Pour acquérir une autonomie stratégique, les États-Unis et la Chine veulent réinsérer leur industrie dans un schéma d’intégration verticale consistant à regrouper, sous leur contrôle, les divers stades de la chaîne de valeur pour ne plus dépendre l’un de l’autre

Le principe de ce schéma est de passer d’une logique mondiale à une logique continentale en reproduisant, à l’échelle régionale, l’organisation pensée à l’échelle mondiale. Ce modèle est, ensuite, répliqué sur les autres continents. Il est formalisé par l’expression « Factory Asia, Factory Europe et Factory America ».

Plusieurs groupes s’organisent selon ce schéma.

 

Il faut penser, dans chaque région du monde, la chaîne de valeur autour d’un pôle industriel principal et d’un tissu de fournisseurs régionaux (en Europe, on peut alors se reposer sur le tissu de TPE/PME/ETI).

 

 

  • le Maroc veut aussi monter en gamme dans l’industrie aéronautique en passant à un stade plus qualitatif. Il veut développer de nouveaux écosystèmes aéronautiques (électronique embarquée, moteurs d’avion, matériaux composites, intérieur des cabines…) ; cependant, la pandémie et la fermeture des frontières, en affectant dramatiquement le transport aérien, pourraient sonner le glas de cette stratégie.

 

  • Plusieurs pays d’Afrique (pour les chaînes européennes mais aussi pour le continent africain même) pourraient apparaître dans le paysage de la production régionale (à l’instar des pays d’Asie du Sud et du Sud-Est pour les chaînes asiatiques ou de pays d’Amérique latine pour les chaînes américaines).

 

Chaque chaîne est indépendante des autres mais peut venir en renfort en cas de difficulté ou rupture d’approvisionnement sur l’une d’entre elles. Dès lors, il faut anticiper l’éventuelle montée en puissance de l’outil industriel. On le voit actuellement dans la production de vaccins avec la nécessité de penser global et régional.

 

Ce schéma régional est très dépendant des relations qu’entretiennent les pays industriels entre eux mais aussi des relations de voisinage de ces pays : ainsi, « les Allemands travaillent très bien avec la Moldavie, la Serbie, la Bulgarie, les pays de proximité, ce que la France ne fait pas », fait remarquer Nelly Rodi, fondatrice de l’Agence NellyRodi. C’est aussi la question de la relation avec les pays de l’Hémisphère Sud qui est, de nouveau, reposée.

Pour l’heure, on n’observe encore peu de possibilités de développer de manière significative de nouveaux réseaux régionalisés. De même, peu d’entreprises se projettent, à terme, dans une logique d’investissement pour développer le sourcing de produits transformés sur le continent africain.

 

Enfin, avec la pandémie, certaines industries ou groupes se recentrent sur leur région d’origine. Ainsi, les constructeurs automobiles abandonnent leur stratégie mondiale ; Renault se retire, en partie, de Chine, Mitsubishi quitte l’Europe, Honda y réduit également ses investissements.