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4 conditions pour accompagner le recours aux modes actifs dans les trajets professionnels
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Poursuivre l’aménagement de l’espace urbain en concertation avec les acteurs économiques

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La CCI Paris Île-de-France soutient les investissements visant à la création d’un réseau structurant de pistes cyclables protégées au niveau francilien et reconnaît la volonté politique de redonner place et visibilité aux modes actifs de déplacement. Mais sous certaines réserves.

 

1. Un réseau cyclable à vocation utilitaire, sécurisé, cohérent, connectant pôles d’activités et zones résidentielles

 

Des trajets pratiques, efficaces et sécurisés : voilà trois conditions indispensables aux déplacements des actifs franciliens. Pour y parvenir une planification est indispensable. Elle devra notamment veiller à relier les lieux majeurs d’activités par des axes structurants sécurisés.
Cela implique également d’assurer la connectivité avec des gares et stations comme la continuité du réseau jusqu’aux lieux de résidence. Résorber les discontinuités d’itinéraires cyclables est donc un prérequis. Ne serait-ce que pour des raisons de sécurité, de qualité et de fluidité des circulations des usagers. D’autant que la sécurisation des trajets est un enjeu essentiel pour les chefs d’entreprise.

 

Étant donné que 39 pôles d’emploi de plus 10 000 emplois rassemblent 43 % des salariés en région francilienne, la CCI Paris Île-de-France propose que les autorités publiques priorisent les aménagements pour ces zones structurantes de l’économie régionale, qui polarisent une partie importante des flux de déplacement domicile-travail et logistiques.

 

 

2. Un réseau cyclable adapté aux zones de desserte et au volume de trafic motorisé

 

L’aménagement choisi, si possible pérenne, doit nécessairement être adapté aux types de milieu et au volume de trafic motorisé. Dans les zones urbaines denses où le volume de trafic voiture est modéré et le recours au vélo plus important, il serait préférable, en dehors de quelques grands axes structurants, de privilégier le partage de l’espace et l’abaissement des écarts de vitesse entre les cyclistes et usagers motorisés (zones 30, rues cyclables, voie piétonne partagée, etc.) au lieu de restreindre la circulation motorisée. Des solutions d’aménagement urbain qui permettraient déjà de sécuriser les déplacements à vélo sans nuire aux trajets contraints en voiture, notamment les livraisons.

 

En revanche, est à soutenir la mise en place des aménagements séparatifs (pistes cyclables, voies vertes et couloirs mixtes bus-vélos, etc.) dans les zones périurbaines et rurales et sur les axes à grande vitesse. Il conviendrait de convertir les aménagements existants, certains chemins par exemple, généralement dédiés à la pratique de « loisir », en réseau utilitaire. Une analyse minutieuse des impacts sur la circulation (cycliste, automobile et transports en commun) est recommandée afin d’éviter les effets rebonds, tels que l’augmentation de la congestion, de l’accidentologie ou des problèmes de stationnement, ainsi qu’un impact négatif sur l’activité économique et le commerce de proximité.

 

3. Des aménagements en accord avec l’offre commerciale de proximité et les comportements à la mobilité achat

 

Avant tout nouvel aménagement, il est indispensable de réaliser une analyse des pratiques de « mobilité achat ». Elle garantirait une vraie prise en compte de l’offre commerciale, des comportements de consommation et des transports utilisés.

 

À ce titre, les collectivités consulteraient en amont les acteurs économiques, notamment les associations de commerçants et les chambres consulaires.

 

Concernant les aménagements provisoires déployés durant et après la crise sanitaire, les services de l’Etat (DRIEA) doivent déjà établir, toujours en concertation avec les acteurs économiques concernés, un bilan qualitatif avant tout projet de pérennisation. Ces analyses locales tiennent compte des impacts socio-économiques sur les territoires périphériques.

 

4. Un parc de stationnement de bonne capacité et protégé

 

En 2019, 11 327 emplacements de stationnements publics pour vélo (arceaux, râteliers, abris, etc.), ont été recensés en Île-de-France. Une offre très insuffisante et inégalement répartie sur le territoire francilien (Paris concentre près de 50 % des places).

 

Si la CCI Paris Île-de France souligne l’engagement de la Région à développer le parc de stationnement vélo aux abords des gares, visant 100 000 places à l’horizon 2030, elle estime que l’offre doit être étendue au-delà des seuls pôles de gares.

 

Pour lutter contre le vol et améliorer le confort des usagers, elle appelle les collectivités à installer des stationnements vélo sécurisés, notamment au sein des pôles générateurs de trafic, dans les bâtiments, dans les espaces publics, les zones commerciales et à proximité des pôles d’échange intermodaux et des parkings relais.

 

Elle demande que le calendrier de mise en œuvre et le choix des zones prioritaires soient établis en concertation avec les acteurs économiques afin de tenir compte des besoins des entreprises et des comportements d’achats dans les zones commerçantes.

 

5. Un partage modal équilibré de la voirie avec les transports en commun

 

La création d’aménagements cyclables sécurisés doit être décidée en collaboration avec les acteurs de la mobilité afin d’assurer le maintien de conditions de circulation performantes pour les transports en commun. Pour la CCI Paris Île-de-France les aménagements en faveur des modes actifs ne doivent pas être réalisés au détriment des autobus et tramways qui transportent des millions de voyageurs chaque jour. Préserver la fluidité du trafic et la vitesse commerciale des transports en commun sont des enjeux majeurs.

 

En parallèle, les autorités publiques doivent veiller à la cohabitation vertueuse entre les cyclistes, les utilisateurs des EDP et les piétons. Au-delà d’une intensification des contrôles et des verbalisations, une amélioration de la signalétique urbaine et des campagnes de sensibilisation au Code de la route sont indispensables.