3
Levier 1 - Favoriser des modes de déplacement plus durables
5mn
Non lu

Faire muter les modes routiers individuels

5mn
Non lu

 

La voiture personnelle reste le seul moyen de transport pour se rendre au travail pour de nombreux salariés, notamment ceux résidant dans les zones périurbaines et rurales comme en grande couronne, ceux qui travaillent en horaires décalés et les professionnels mobiles.

 

Face aux difficultés de recrutement et au turn-over que subissent les entreprises peu desservies par en transport en commun, la mise à disposition d’un véhicule de fonction reste considérée comme un avantage pour certains postes. Il en va de même pour le remboursement des frais de déplacement en voiture. Deux instruments de motivation essentiels pour renforcer l’attraction des talents, quel que soit le niveau d’expérience, principalement en grande couronne.

 

Ainsi, s’il est nécessaire de poursuivre le développement d’une offre de mobilité alternative au véhicule individuel, dans certains territoires ou pour certaines professions, les solutions alternatives à la route tardent à se mettre en place ou ne sont pas forcément une réponse pertinente. Il est donc important, en parallèle, de proposer des solutions permettant de réduire les impacts des modes routiers individuels en favorisant le verdissement des flottes et en promouvant le développement de solutions partagées.

 

1. Favoriser le verdissement des flottes

Lorsque l’usage de la voiture est la seule solution, les efforts doivent porter sur l’incitation au renouvellement du parc vers des véhicules à faibles émissions afin de réduire les nuisances atmosphériques et l’impact climatique.

 

La CCI Paris Ile-de-France s’est positionnée en ce sens dans son avis régional du 8 avril 2021 et dans ses avis sur les projets d’arrêtés communaux instaurant une Zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m) métropolitaine. Elle appelle à une meilleure prise en compte des impacts sur les entreprises en demandant des mesures d’accompagnement et la réévaluation du calendrier des étapes à venir. Elle a obtenu la mise en place de dérogations complémentaires à destination des entreprises les plus fragilisées par la crise sanitaire.

LA CCI S’IMPLIQUE

•  Un « calculateur mobilité propre » pour comparer le prix de revient au km d’une motorisation diesel/gaz/électricité au service des entreprises franciliennes

Dans le cadre de la stratégie CAPMétha, le département de Seine-et-Marne avec GRDF et leurs partenaires locaux soutiennent le développement d’une filière « méthanisation », qui permet notamment le développement d’une mobilité décarbonée au bio Gaz Naturel Véhicule produit (bio-GNV), s’appuyant sur un réseau de stations d’avitaillement GNV significatif avec du potentiel de développement.

Dans le cadre de cette dynamique territoriale, la CCI Seine-et-Marne a conçu pour les entreprises un outil de pré-diagnostic « mobilité propre bio-GNV » en partenariat avec le Conseil Départemental et GRDF IDF. A l’issue de cette analyse, la CCI Seine-et-Marne propose aux entreprises :

  1. une fiche « zone à faibles émissions : mode d’emploi » adaptée aux entreprises de grande couronne ;
  2. une fiche d’information sur la motorisation bio GNV ;
  3. un accompagnement vers un outil d’aide à la décision à savoir un « calculateur » prenant en compte les paramètres d’usage spécifiques de l’entreprise et permettant de comparer les coûts de possession d’un véhicule diesel, GNV et électrique.

 

• La CCI Yvelines propose ce même type d’accompagnement aux entreprises intéressées par un verdissement de leur flotte de véhicules, afin de leur permettre d’évaluer le coût total au km (TCO : Total Cost of Ownership) de leurs déplacements en fonction de l’énergie utilisée.

 

2. Encourager les mobilités partagées

  • Etudier l’ouverture au covoiturage de voies réservées sur les autoroutes et voies rapides d’Île-de-France, telle que celles expérimentées aujourd’hui pour les bus et les taxis (A1, A6a, A10, A12 et N118). Il est important de prendre en compte, l’impact sur le trafic routier de l’implantation physique de ces voies réservées tant en ce qui concerne la congestion que le temps de parcours des professionnels ainsi que sur la vitesse commerciale des bus.
  • Expérimenter des systèmes innovants de contrôle du covoiturage sur les voies réservées permettant de compter le nombre d’occupants dans un véhicule afin d’éviter la fraude.

Le taux d’occupation moyen des voitures en Île-de-France est de 1,3 personne. Il est estimé qu’en ayant 2 personnes par voiture, il serait possible de réduire le nombre de véhicules en circulation d’environ 27 %. Encourager le covoiturage pour les trajets domicile-travail apparait donc comme une solution à promouvoir. Elle est intéressante à plus d’un titre : fluidification du trafic, limitation des émissions atmosphériques, mutualisation des coûts

 

Cependant, son développement rencontre encore de nombreux freins (manque de souplesse horaire, complexité de la planification, …). Pour la CCI Paris Île-de-France, des investissements publics importants sont nécessaires en infrastructures permettant l’organisation d’un partage modal cohérent de la voierie et d’un maillage étendu d’aires de covoiturage sur l’ensemble du territoire francilien.

 

Sur le plan législatif, on rappellera que les articles 35 et 40 de la LOM du 24 décembre 2019 permettent aux autorités organisatrices de la mobilité (AOM) volontaires d’accentuer leur soutien au développement de la pratique pour les courtes-distances. En Ile-de-France, plusieurs dispositifs incitent au covoiturage pour les trajets domicile-travail :

  • intégration d’un onglet spécifique « covoiturage » au calculateur d’itinéraire Vianavigo – Île-de-France Mobilités (au même titre que les transports en commun et le vélo) ;
  • voies réservées et places dédiées dans les parcs relais ;
  • versement de commissions aux plateformes de covoiturage courte distance pour chaque trajet réalisé (avec un bonus de 2 trajets/jour offerts aux abonnés Navigo et jusqu’à 150 euros par mois pour les conducteurs) ;
  • gratuité les jours de pics de pollution et de perturbations dans les transports en commun.

LA CCI S’IMPLIQUE

Le covoiturage en entreprise

L’association R’Pro’Mobilité issue du PDMEC animée par la CCI Val d’Oise depuis sa création en 2010, réunit 16 entreprises implantées sur l’aéroport Paris-Charles de Gaulle. Parmi les différentes actions qu’elle a menées sur ce territoire où plus de 90 % des salariés viennent en voiture et près de 75 % travaillent en horaires décalés, l’association a lancé une plateforme de covoiturage dès 2018.

Ouvert à tous, gratuit, le site de covoiturage a rapidement intégré le parc d’activités Paris-Nord II avec plus de 20 000 salariés. Au final, 67 000 salariés ont la possibilité de bénéficier de l’avantage majeur du covoiturage à savoir une réduction des coûts d’entretien et de carburant d’un véhicule.

 

En outre, on signalera que, contrairement au covoiturage, le recours à l’autopartage et à la mutualisation de flotte peine à convaincre les professionnels : crainte du manque de disponibilité à proximité, complexité de l’organisation d’usages mutualisés et la propreté des véhicules.

Enfin, si le salarié reste contraint d’utiliser sa voiture personnelle, la sensibilisation à l’éco-conduite est un levier incontournable pour réduire la consommation de carburant, limiter l’émission de gaz à effet de serre, améliorer les flux de circulation et diminuer les risques au volant.