Repenser l’offre de transports en commun
Progression dans le chapitre
1. Promouvoir des offres modulables selon les besoins des entreprises
- Offrir une solution de transport aux salariés travaillant en horaires décalés ou le week-end. Les transports de surface (bus notamment) entre les gares et les zones d’activités doivent être renforcés et les horaires étendus, tôt le matin (passage par la gare avant 5h), tard le soir après 21h et les samedis, notamment en grande couronne.
- Etudier des offres ponctuelles adaptées à l’activité économique pour faciliter l’accessibilité des sites situés en zone moins dense. Plusieurs solutions techniques sont aujourd’hui envisageables telles que la mise en place de navettes autonomes en boucle afin de relier les gares et pôles d’activités, des stationnements dédiés ou aires de covoiturage, de l’autopartage… Il faut accompagner et pérenniser les expérimentations qui contribuent à l’essor des mobilités durables et se révèlent plus rentables que d’autres solutions de transport (notamment la création ou l’extension de lignes de bus propres).
D’ici 2030, un bouleversement de l’offre de mobilité collective est attendu grâce à la mise en service progressive du Grand Paris Express (GPE) qui constitue une véritable opportunité pour optimiser les trajets domicile-travail.
Au-delà du développement de ce réseau structurant, la réduction de l’usage des modes individuels routiers implique d’offrir des solutions plus modulables pour répondre aux besoins des salariés travaillant en horaires « atypiques » ou dans les zones périurbaines moins bien desservies comme certains grands pôles d’emploi (Orly, Bourget ou Marne-la-Vallée).
3 PROJETS EXEMPLAIRES
- La nouvelle ligne n°490 de navettes autonomes électriques, inaugurée le 31 mars 2021, qui relie la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines-Montigny-le-Bretonneux (RER C et lignes N&U) et la zone d’emplois du Pas du Lac présentent un potentiel important de transfert modal.
- Les Bus Tzen, bus à haut niveau de service sont une opportunité pour intégrer des pistes cyclables sécurisées au long des voies dédiées et des stationnements vélos à proximité des arrêts.
- Le service de transport à la demande (TAD) en Ile-de-France s’avère également utile pour faciliter l’intermodalité dans les territoires ruraux et périurbains, en permettant aux résidants d’accéder aux gares de proximité, notamment aux heures de pointes, sans utiliser leur véhicule personnel. Depuis le lancement du dispositif en 2019, 21 territoires sont desservis par cette offre de transport complémentaire. D’ici à 2024, 40 territoires devraient être concernés.
2. Mettre à profit les innovations technologiques
- Accompagner le développement des nouvelles technologies et des start-up innovantes proposant des services de mobilité. Le succès de tout projet MaaS en Ile-de-France reposera notamment sur la collaboration entre les partenaires des secteurs public et privé.
- Moderniser le modèle économique du transport public par l’intégration des systèmes de billetterie et de paiement afin d’inclure davantage des mobilités durables et inclusives.
- Construire une stratégie commune (collectivités, autorité organisatrice, opérateurs, fournisseurs de solutions) au regard du Big data, tout en protégeant les données personnelles et commerciales générées par un service MaaS.
Celle-ci permettra d’identifier les freins potentiels et les actions réalisables à court et moyen terme pour tirer parti au maximum d’un plus large éventail de données afin d’optimiser l’offre de transports, dans des situations d’exploitation ou de planification.
La possibilité d’accéder à un large choix de solutions de transport par le biais de plateformes numériques, qui intègrent une information en temps réel, multimodale et multimédias, simplifie et améliore l’expérience des voyageurs. L’essor récent de ces offres innovantes et services de mobilité partagée permet d’optimiser les trajets domicile-travail par l’accès à une offre plus flexible et mieux adaptée à la diversité des territoires franciliens.
Ces évolutions technologiques intègrent un large éventail de nouveaux acteurs (privés dans leur majorité) dans l’écosystème des transports franciliens. Cette nouvelle façon de concevoir la mobilité et de l’intégrer au sein d’une interface client unique est appelée « Mobility as a Service » (MaaS) », encore au stade expérimental.
3. Redonner confiance dans les modes collectifs
- Accentuer les efforts de communication pour redonner confiance aux utilisateurs des transports en commun.
- Renforcer les niveaux de sécurité et de propreté dans les gares et à bord des rames
- Consolider les expérimentations de solutions innovantes au service de la sûreté, menées par IDFM, telles que le déploiement de 80 000 caméras de vidéoprotection couvrant 100 % des stations de métro, gares ferroviaires, bus et tramways ainsi que le recrutement et la formation de nouveaux agents de sécurité.
- Favoriser l’intermodalité à l’échelle régionale, principalement dans les gares et pôles d’échange à l’extérieur de la capitale, en multipliant l’offre de mobilité douce partagée (trottinettes et vélos en libre-service ou free-floating), des points de services (type Vélostation), de stationnements vélo sécurisés ainsi que des parkings-relais.
La crise sanitaire a fait chuter la fréquentation des transports en commun : en Ile-de-France, celle des réseaux RATP et SNCF Transilien plafonnait en juillet 2021 à 60-70 % de son niveau de 2019. Et cette tendance à la désaffection des clients pourrait s’inscrire dans la durée.
Selon une étude de l’Observatoire de la mobilité de l’UTP, près d’un usager des transports en commun sur trois affirme qu’il utilisera « moins souvent » ou « plus du tout » ce mode de déplacement à l’avenir. Alors que 31 % de ces utilisateurs déclarent qu’ils se reporteront majoritairement sur les modes actifs (marche, vélo et trottinette), la voiture individuelle personnelle ou de fonction sera privilégiée par 16 % d’entre eux .
La DRIEA estime que si seulement 10 % des usagers des transports en commun se reportaient vers la voiture dans leurs trajets vers Paris, le nombre de véhicules en circulation augmenterait de 40 à 80 % selon les départements d’origine. Face à ces projections, on peut s’inquiéter des effets secondaires de ce « rebond » de la voiture sur le territoire francilien, notamment en termes de hausse de la congestion urbaine et d’augmentation des nuisances (sonores et atmosphériques). Par ailleurs, sont à redouter de nouvelles pertes de recettes pour les transports en Ile-de-France.
Toutefois, tempérons cette vision pessimiste : les transports en commun ne sont pas des lieux de contamination privilégiés et 84 % des utilisateurs font confiance aux réseaux de transport public pour assurer la sécurité sanitaire à l’avenir. Selon une étude de Kéolis, les Franciliens seraient prêts à utiliser à nouveau les transports en commun s’ils sont plus propres, plus confortables et plus sûrs. Bien avant la crise, la propreté et la sécurité étaient déjà les principaux griefs cités par les chefs d’entreprises et les salariés comme freins au recours à ces modes pour les trajets domicile-travail.