Associer le nouveau paradigme manufacturier au développement des technologies digitales
Progression dans le chapitre
Les technologies, qu’il s’agisse d’automatisation ou de numérisation, ne sont pas toujours utilisées en vue de la transformation des processus industriels. Elles sont souvent adoptées comme une fin en soi ou à des fins erronées
L’impression 3D en est une illustration : de nombreuses entreprises l’utilisent comme un outil de production en séries longues. Or, nombre d’entre elles n’atteignent pas la rentabilité (malgré la productivité croissante des imprimantes 3D). Reste à voir si son utilisation ne serait pas plus optimale dans un schéma de production personnalisée.
Cette confusion sur l’usage final des technologies est aussi entretenue par les politiques de relocalisation comme moyen de raccourcir la chaîne de valeur et de réduire la dépendance à l’Asie. Celles-ci mettent l’accent sur la façon dont la technologie apporte une nouvelle génération de fabrication et permet de retrouver productivité et compétitivité.
Elles n’intègrent pas les nouveaux modes de fonctionnement du segment productif et notamment le fait que :
- ce segment ne peut plus être organisé sous le modèle fordiste ou le modèle Toyota mais doit être conçu sous le modèle de la production personnalisée ;
- l’enjeu premier est celui de la connectivité et du partage de données pour «construire de nouveaux rapports entre concepteurs, producteurs et usagers » ;
- ce sont les services intégrés en amont des produits – pour les rendre pertinents au regard des enjeux (nouvelles attentes des clients, changement climatique) et abordables au regard du pouvoir d’achat (contraint par la crise dans les pays occidentaux et émergents) – qui renouvellent les modes de production.
Cela est d’autant plus problématique que cette approche fait passer les entreprises, notamment les PME, à côté de l’essentiel : si l’adoption de nouvelles technologies est un passage obligatoire dans l’activité productive, c’est la transformation des modèles industriels et des modèles d’affaires au moyen des technologies numériques qui est déterminante.
Cela s’entend aussi de la construction de produits durables et de modèles industriels résilients qui prennent notamment en compte les nouveaux risques liés à la biodiversité et au réchauffement climatique. Dans tous les cas, les entreprises fabricantes doivent bouger plus vite.