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3 MODES DE RAPPROCHEMENT DE LA CHAÎNE DE VALEUR | LA MUTATION DES PROCESS DE PRODUCTION
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Une interaction croissante avec le client sur la chaîne de production

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On a vu précédemment combien les nouveaux schémas industriels (micro-production, production personnalisée ou autoproduction) permettaient de rapprocher production, client et territoire. Cette tendance devrait se renforcer à terme

 

L’adéquation entre offre et demande devrait être renforcée

 

L’intégration de la connectivité dans les produits pour recueillir des données sur l’utilisation et les réintégrer dans l’outil de production donne, à l’entreprise, de nouveaux leviers en ce sens.

 

Certes, les schémas sont encore très hétérogènes de ce point de vue, mais on peut penser que le fléchissement accéléré de la demande, les exigences environnementales et les technologies de personnalisation vont donner la prime aux schémas les plus vertueux en termes d’adéquation offre/demande.

 

Il y a, désormais, « chez les distributeurs une volonté de s’approvisionner en fonction de ce qu’ils vont vendre, et d’arrêter la boulimie d’approvisionnement. Et cela pour plein de raisons : parce que le marché est en contraction, mais aussi par démarche écoresponsable. C’est très spectaculaire » dans la mode/habillement.

 

 

Les attentes du client pourront être davantage intégrées lors de la production

 

Les attentes du client vont être de plus en plus intégrées dans la chaîne de production. De ce point de vue, les technologies digitales présentent plusieurs avantages.

 

 

  • Intégrer les attentes du client tout au long de la chaîne de valeur : le client est aussi activement impliqué dans la production des vêtements qu’il consomme.

 

« C’est le client qui déclenche la chaîne de valeur
dans la production à la demande
»

Agnès Vernier, Directrice Marketing de Tekyn

 

  • Gérer la complexité des attentes-clients : les produits sont conçus pour une personnalisation, à la fois, régionale (pays/continent) et domestique (segments de clients) ; les systèmes de fabrication avancés permettent d’intégrer l’extrême diversité des exigences-clients et sont d’une exécution rapide et précise ; ce sont là les différences majeures avec la production artisanale (craft production) dans laquelle les flux de production étaient tirés par le client mais le bien non conçu par ce dernier sans compter qu’elle n’était accessible qu’à certains segments de clients.

 

La modularité – par opposition à la linéarité des sites de production – rend aussi possible une plus grande interaction avec le client : « dans ce flux de production qui se réagence en temps réel, on imagine que le client pourrait modifier certaines options de son véhicule alors que celui-ci est déjà en cours de production », chaque unité de fabrication étant équipée de micro-serveurs.

 

 

Les phases de conception, fabrication et relation-client vont être plus perméables

 

Le schéma manufacturier classique veut qu’on conçoive des biens, qu’on les fasse réaliser dans des ateliers à travers le monde et qu’on les commercialise via des revendeurs qui prennent une marge. Les unités de design, production et marketing travaillent successivement.

 

Avec l’industrie 4.0, on assiste à un décloisonnement des fonctions de conception et de fabrication. Ces dernières sont, en effet, rassemblées en un même lieu.

 

« Chez Audi à Ingolstadt, le flux linéaire de la chaîne de production automobile va être éclaté en une multitude d’îlots de montage. La caisse de la voiture se déplace sur un chariot autonome vers les zones de montage en fonction de sa gamme et de son niveau de personnalisation. Le pilotage de l’ensemble des chariots est entièrement géré par des algorithmes ».

 

Dans les micro-usines, plusieurs fonctions sont aussi rassemblées ; une petite dizaine de personnes travaille ensemble : commerciaux, responsables de la supply chain, concepteurs, ingénieurs et manager. Les informations circulent mieux et les organisations hiérarchiques sont aplaties.

 

On a pu voir, pendant la crise sanitaire, avec les imprimantes 3D installées dans les hôpitaux pour la fabrication de respirateurs/ventilateurs, combien les innovations doivent être faites en collaboration étroite avec les usagers (personnels médicaux) pour être adaptées au terrain.

 

Dans les nouveaux modes d’organisation de la production, c’est aussi l’interaction entre conception, production et relation-client qui devra être recherchée : « l’industrie du futur qui émerge sous nos yeux appelle (…) la proximité et l’interaction constante entre les trois grandes phases productives. La recherche a besoin de tester ses solutions en usine. Les clients et les sous-traitants doivent être associés en circuit court à toutes les phases ».

 

Dans les schémas de fabrication sur-mesure, les entreprises doivent aussi réintégrer leur savoir-faire : « il est impossible de bien innover lorsque l’on est loin des machines et des consommateurs ».

 

Dans les schémas de production « tirés » par le client, cela va plus loin encore : une fois les préférences clients connues, le marketing peut coordonner les actions avec l’équipe de développement du produit et considérer les coûts et les contraintes de production plus tôt dans le développement du produit.

 

Chez Asphalte, marque de prêt-à-porter masculin (qui vient de basculer aussi dans le féminin), la démarche marketing précède même la fabrication des produits. « À partir de questionnaires envoyés à un panel de consommateurs, Asphalte conçoit et fait fabriquer ponctuellement, dans des ateliers à dimension humaine, de solides vêtements pour hommes ».